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SPÉCULATIONS

croire qu’il y a là un cas de parasitisme et deux individus distincts. Dans cette hypothèse hardie, le drapaud emprunterait le secours de l’autre animal, à la façon de certains mollusques, dans l’intérêt de sa propre locomotion. Quelques naturalistes appellent cet animal support porc-drapaud : ce serait en effet une sorte de porc-épic à piquant unique.

Le drapaud éveillé, à l’état sauvage et bien portant, se dresse habituellement sur son extrémité caudale, sa corne pointant, son aile déployée dans le sens du vent, laissant flotter à son bord extrême des villosités ou des cils vibratiles jaunes. Dans cette attitude, son vol rend dans l’atmosphère un son de même hauteur et amplitude que celui des ailes de l’engoulevent ou drapaud-volant.

Quand l’animal a pris cette posture menaçante, l’un des piqueurs pousse un cri convenu : Au drapaud ! Ses subordonnés et ses collègues se rangent dans un ordre arrêté d’avance et dont nous ne comprenons pas l’utilité esthétique, puisque le premier et le dernier des susdits piqueurs se ressemblent trait pour trait, vu la similitude des livrées. Chacun saisit ses armes, se précipite sur le gibier, et, arrivé à portée, lui présente le bout du canon de son fusil spécial, que nous avons déjà décrit et qui est prolongé d’un épieu. Mais peu de sociétés cynégétiques sont assez riches