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SPÉCULATIONS

des troupes, dans les fleuves du Céleste-Empire, lesquelles descendaient, selon leurs mœurs connues, le fil de l’eau. À n’en pas douter, il y avait tentative intelligente de la part de ces créatures à imiter, un peu simiesquement peut-être, le bel ordre et la cohésion qui règnent dans les armées. Ce qui laisse à penser qu’il y eut bien imitation, c’est que ce rassemblement par bancs dans les fleuves avait lieu, immanquablement, à proximité des « bancs » militaires. Les noyés chinois, pour plus de solidarité, voyageaient au nombre de plusieurs milliers, à la remorque les uns des autres par leurs queues. Nos soldats, touchés de cet hommage rendu à la discipline, méritèrent bien de la Société protectrice des Animaux en ne les inquiétant point dans leur élément et même en favorisant l’accroissement de leur nombre.

Ajoutons à l’information de notre ami quelques nouveaux détails, qui compléteront « l’histoire naturelle artificielle » de l’animal.

Il est probable — rassurons les zoologistes — que l’espèce s’en conservera longtemps pure de tout croisement avec les poissons. Les barrages et écluses des rivières ont en effet une autre utilité que celle discutable, d’empêcher l’eau de couler à sa fantaisie : les noyés et les poissons se plaisant, comme nous l’avons dit, ceux-là à descendre le courant et ceux-ci à le remonter, ceux-ci se heurtent d’en dessous et ceux-là d’en