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SPÉCULATIONS

L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT

Le mot d’Alphonse Karr : « Que MM. les assassins commencent », a fait tous les frais de l’enquête sur l’abolition de la peine de mort. Tant il est naturel à l’homme de répéter avec satisfaction des choses imprimées, même quand il ne se rappelle plus bien où elles sont imprimées ni si elles ont un sens quelconque. C’est ainsi que M. Émile Ollivier, de l’Académie française, écrit : « Je suis toujours resté insensible aux belles phrases… » Mais il ne tarde point à citer, lui aussi, la Phrase, en attestant : « Ce mot d’un homme d’esprit a clos la question. »

De même que maintes personnalités notables se sont efforcées à élaborer, au-dessous de la boutade de Karr, leurs signatures individuelles, il nous paraît d’une excellente division du travail de nous dévouer à notre tour à la tâche, oiseuse peut-être, d’explorer si ladite boutade possède quelque signification.

« Que MM. les assassins commencent » équivaudrait à ceci, si nous examinons d’abord le sens le moins follement absurde : « Que MM. les assassins (assassin, celui qui a tué, disent les dictionnaires), ayant tué, ne récidivent pas. Pour commencer à ne pas assassiner, il faut, logiquement, avoir assassiné. Mais s’ils