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SPÉCULATIONS

que l’on se pare de dents fallacieuses ou de cheveux dérobés le plus souvent au ver à soie.

Quoi qu’il en soit, il appert que l’officier et le soldat sont des spécimens anatomiques hétérogènes, sinon hétéroclites. Pécuniairement parlant, on constate une notable différence dans l’acquisition, chez un taxidermiste, d’un individu bien intact de l’une ou l’autre variété, au dire unanime des collectionneurs. Cet écart peut s’étendre, par versements quotidiens, ainsi qu’en fait foi le budget de la guerre, d’un sou à un nombre moins ou plus exorbitant de francs. Leur geste vital étant l’obéissance, il est aisé de conclure qu’il doive y avoir deux sortes d’obéissance comme il y a deux sortes de sodomie, ainsi qu’on l’observe chez les hannetons : — active et passive.

Cette dernière « fait la force principale des armées ». On doit entendre : les statisticiens et aliénistes dénombrent davantage d’obéissants passifs. L’état actuel de la thérapeutique ne permet pas d’affirmer que cette curieuse affection soit de sitôt curable.

Nous en avons assez dit pour éclairer la religion des chroniqueurs affolés — sans en excepter un seul — par l’affaire du lieutenant-colonel Gaudin de Saint-Rémy. Leur conclusion ou confusion presque universelle fut : désormais tout soldat a le droit de n’obtempérer point incontinent, ni même point du tout, aux