Page:Jarry Faustroll 1911.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
311
SPÉCULATIONS

La présence du Président de la République française fut signalée naguère au cœur des déserts africains : aujourd’hui, d’une aile rapide, il fend les brouillards d’Albion.

Aller de Paris en Alger laisse prévoir que, sauf accidents, l’on reviendra d’Alger à Paris. Le Président, emporté par son élan de retour, traverse Paris à toute allure et bondit, par delà le détroit, jusqu’en cette Grande-Bretagne où les anciens plaçaient les confins du monde habitable.

On réglemente la vitesse des automobiles : pourquoi ne fixe-t-on pas sur tout Président de République un compteur kilométrique et un indicateur de vitesse ?

À ce besoin, on a répondu : les journaux chronomètrent, heure par heure, cinquième de seconde par cinquième de seconde, les performances du Président. Il suit un tableau de marche. Les menus officiels qui lui permettent de se maintenir en si belle forme sont analysés avec un soin jaloux. L’opinion publique — et les larmes d’allégresse de la France — homologuent ses records.

D’après les données actuelles de la science, et nos personnelles observations, les migrations du Président n’obéissent point à un bas instinct de conservation ou de confortable, comme celles des oiseaux qui partent au Midi, quand il fait froid, pour avoir chaud, et