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GESTES ET OPINIONS

cous nombreux et son haleine de geyser l’orgue à vapeur donné à Pépin en 757 par Constantin Copronyme, et importé dans l’Ile Sonnante par sainte Corneille de Compiègne. On y respirait encore l’octavin, le hautbois d’amour, le contrebasson et le sarrusophone, le biniou, le zampogna, le bag-pipe ; la chérée du Bengale, l’hélicon contrebasse, le serpent, le cœlophone, les saxhorns et l’enclume.

La température de l’île est modérée selon la consultation de thermomètres appelés sirènes. Au solstice d’hiver, la sonorité atmosphérique tombe du jurement du chat au vrombissement de la guêpe, du bourdon et à la vibration d’aile de mouche. Au solstice d’été, toutes les plantes susnommées fleurissent, jusqu’à la chaleur suraiguë du vol des insectes au-dessus des herbes de notre terre. La nuit, Saturne y choque son sistre en son anneau. Le soleil et la lune y éclatent, à l’aube et au crépuscule, comme des cymbales divorcées.

« Ha ha, » commença Bosse-de-Nage désireux d’assurer sa voix avant de la mêler à la musique universelle ; mais les deux astres se heurtèrent en un baiser réconcilié, et le planteur célébra cet événement retentissant :

« Heureux le sage, s’écria-t-il, qui, sur le penchant d’une montagne, se plaît au son des cymbales ; seul dans son lit en s’éveillant, il