Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

démocratie, que quelques faux délicats ont accusée si longtemps de nous acheminer à une sorte de barbarie intellectuelle, ou tout au moins d’universelle médiocrité, se passionner ainsi pour la partie la plus élevée et en même temps la plus désintéressée du savoir humain.

Le peuple sent le prix même de cette partie de la science à laquelle il ne participera pas directement. Il sent qu’au fond il est appelé à en avoir sa part. La science, même la moins accessible, est la chose de tous : elle est utile à tous par des applications bienfaisantes ; elle ajoute à la gloire du pays, qui est le patrimoine commun. Elle amène peu à peu ses conceptions à ce degré de clarté et d’ampleur où elles peuvent émouvoir toutes les intelligences. Enfin, la démocratie a l’instinct que tout ce qui grandit l’homme diminue dans le monde les forces de tyrannie et de privilèges.

De quoi est fait le despotisme politique ou économique ? Il est fait du mépris de l’homme. Les gouvernements qui veulent asservir un pays ou une classe commencent par l’abaisser. Le second empire avait laissé peu à peu l’enseignement supérieur décroître, et il avait touché aux parties les plus hautes de l’enseignement secondaire. Au contraire, en même temps qu’elle vulgarisait l’enseignement, la République a cherché à l’élever. Et le haut enseignement, aussi bien que l’enseignement primaire, quoique d’une autre façon,