Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/132

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économique et social leur part de libre action et de souveraineté ; quand tout individu dans le monde du travail fera partie d’un ensemble harmonieux et puissant, l’usine elle-même et l’atelier auront leur beauté architectonique. Lorsqu’une grandiose architecture sociale fondée sur l’égalité abritera le peuple tout entier, l’existence quotidienne de tout homme sera belle et noble ; l’art ne fera qu’un avec la vie, et il traduira sans cesse dans des formes originales et familières les joies, les souffrances, les labeurs, les rêves d’un peuple de frères.

Mais non, l’Exposition universelle est restée pour la plupart un symbole incompris. Ils ne voient pas que, par son ampleur ordonnée et son origine collective, elle a été la figure de la société nouvelle que nous rêvons, et qu’il n’y a plus de grand art possible, dans nos sociétés où tous les humbles aspirent à la vie d’homme, que l’art qui aura un caractère social et humain.

A ceux qui nous reprochent de n’être que des politiciens qui ne peuvent vivre sans une agitation factice, parce que nous déplorons l’indifférence morne où est tombé l’esprit public, nous avons le droit de dire : La politique se tait maintenant : où sont vos œuvres ? Qu’avez-vous ajouté à la vie humaine ? De quoi parlent les hommes quand ils se rencontrent et ont-ils quelque chose à se dire ? Pour nous, nous croyons que la vie de l’esprit ne peut plus être séparée de la vie sociale. Il n’y a plus de haute inspiration individuelle possible,