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LE PAPE DES OUVRIERS

« La Dépêche » du jeudi ier octobre 1891

Dans la courte allocution qu’il a prononcée à Rome, dans la grande salle des Bénédictions, devant le pape et les premiers pèlerins ouvriers, M. de Mun a dit que la reconnaissance publique avait déjà appelé Léon XIII « le pape des ouvriers ». Qu’un pape, le père commun des fidèles, consente à être appelé au Vatican « le pape des ouvriers », c’est un signe des temps. Mais toutes les monarchies absolues, que ce soit dans l’ordre temporel ou dans l’ordre spirituel, sont incapables de travailler efficacement à l’émancipation sociale des humbles.

Il y a, dans le discours de Léon XIII, une inconsistance étrange et de surprenantes contradictions.

D’une part, en effet, le pape proclame que le salaire doit être « adéquat au travail ». C’est la formule même du socialisme le plus hardi, c’est la condamnation ex cathedra de l’économie politique traditionnelle et de l’ordre actuel des sociétés, qui livre le salaire à la loi de l’offre et de la demande. Nous attendons avec impatience que les commentateurs autorisés de la parole