Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/188

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beaucoup plus politiques que religieuses, du parti conservateur, apparaissent de plus en plus vaines ; que la concurrence des écoles congréganistes soit peu à peu découragée par la beauté de nos écoles, par la valeur de nos maîtres, par l’excellence de nos méthodes, par tous les secours que la puissance publique peut et doit apporter aux écoles publiques : et les catholiques se diront : « Qui sait s’il ne vaut pas mieux, après tout, que l’école n’enseigne aux enfants d’un même pays que ce qui les rapproche ? Qui sait, même, si la foi éclairée, vivante, personnelle, ne gagnera pas à une éducation rationnelle et libre ? »

En fait, l’Église elle-même, qu’elle le veuille ou non, en acceptant la République, a accepté, pour une échéance plus ou moins prochaine, la laïcité de l’enseignement. La République, c’est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir sa part de la souveraineté. Dès lors, comment faire d’une croyance religieuse quelconque la base de l’éducation, quand elle n’est pas la base de la souveraineté ? En répudiant la monarchie chrétienne, l’Église répudie l’enseignement chrétien, au sens sectaire et dogmatique du mot.

En acceptant la République après l’avoir combattue, l’Église, sans le vouloir, mais nécessairement, accepte l’œuvre accomplie par la République. La distinction entre la constitution et la législation est subtile, et les