Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/191

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j’ajoute, au risque d’être accusé d’idée fixe, de l’esprit socialiste.

M. Liard croit que si le projet constituant un certain nombre de grandes Universités régionales a échoué devant le Sénat, c’est surtout par la résistance des intérêts locaux, par l’hostilité des villes qui, n’ayant pas un groupe complet de Facultés, n’étaient point destinées à être des centres universitaires. C’est là une raison sérieuse ; ce n’est pas, à mon sens, la raison décisive. Oui, beaucoup de villes ont été effrayées, et leurs représentants ont résisté. Peut-être n’a-t-on pas fait, pour désarmer les craintes et les hostilités, tout ce qu’on pouvait et devait faire. On a trop dit, et surtout on a trop pensé qu’il n’y avait place en France que pour trois ou quatre grands centres universitaires qui diminueraient la puissance d’absorption de Paris, mais qui absorberaient toute la vie des autres centres provinciaux. Cela est peut-être exact à l’heure actuelle ; mais on peut prévoir un tel développement et un tel ennoblissement de la démocratie française qu’il n’y ait pas trop dans notre pays de vingt centres d’enseignement supérieur rayonnant sur toutes nos provinces.

M. Liard constate dans tous les pays civilisés, depuis vingt ans, un accroissement rapide du nombre des étudiants. En Allemagne, il y avait, en 1881, 21,500 étudiants dans toutes les Universités de