Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

grandeur de l’esprit humain et une conception générale du monde et de l’homme. Il y faut tout le système des sciences, et aussi la passion désintéressée du vrai. Or, les Universités, destinées à rapprocher les Facultés isolées et à coordonner les sciences distinctes, devraient précisément réaliser parmi nous cet esprit encyclopédique qui a fait la Révolution et qui seul pourra la défendre. Nous aurons l’occasion, quand viendra l’interpellation Thierry Gazes sur l’attitude du gouvernement envers l’Université, de demander à M. Spuller si c’est ainsi qu’il entend le rôle de la science et de la pensée libre dans notre pays.

Mais je crains bien que par ce temps d’« esprit nouveau » le livre de M. Liard ne soit un anachronisme. Quand l’Église monte, l’Université ne peut que descendre. C’est le socialisme qui donnera au pays les grandes Universités. C’est lui qui élèvera, au-dessus des sciences étroites et des applications professionnelles, le noble souci de la science une et de la vérité pure. C’est lui qui fera, en même temps qu’une révolution matérialiste dans les intérêts, une révolution idéaliste dans les consciences.

M. Liard, à la fin de son livre, dit : « L’enseignement supérieur a deux espèces d’adversaires : ceux qui le redoutent parce qu’il est science et liberté, ceux qui le condamnent parce qu’il est sélection et élite. » Je ne