Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/218

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Pendant le 16 Mai, alors qu’on déplaçait beaucoup d’instituteurs, ces déplacements d’instituteurs apparaissaient alors comme une chose grave à ces républicains du centre qui, tout à l’heure, ricanaient et disaient : « On déplace un petit professeur et il proteste ? Mais de quoi donc s’avise-t-il ? Il doit se taire ! »

Eh bien non ! Il n’a qu’à suivre les leçons qu’on lui a données depuis vingt ans ! Au 16 Mai, vous avez été assez heureux d’avoir les instituteurs avec vous, et depuis, dans toutes vos campagnes contre l’influence des curés, voyons, un peu de franchise, n’avez-vous pas eu besoin des instituteurs ? Oh ! c’est de leur pleine volonté et dans leur entière liberté qu’ils ont agi. Je ne demande qu’une chose, c’est qu’on les laisse aller leur chemin, qu’on les laisse servir la République de tout leur cœur, en liberté et comme ils veulent la servir : pas d’oppression, parce qu’ils ont le droit, après tout, de n’avoir pas la même formule de la République que les ministres qui passent ; s’ils laissent tomber de leur conscience l’aveu d’une préférence pour une formule de la République autre que la vôtre, ne les humiliez pas, ne les frappez pas, au nom de la République, car vous aurez peut-être besoin un jour de retrouver en eux des défenseurs indomptés.

Mais, alors, ce n’était pas seulement vos instituteurs que vous vouliez gagner ; permettez-moi encore cette anecdote toute personnelle.