Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/246

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En fait, elle a été surprise par ce problème comme elle l’est par les problèmes nouveaux que suscite dans tous les ordres d’activité le mouvement socialiste. Eh quoi ! les fonctionnaires, tenus jusqu’ici pour des serfs, taillables et corvéables à merci, dans l’ordre politique et électoral, livrés à tous les caprices des préfets, gouvernés eux-mêmes par des tyranneaux, ces fonctionnaires deviendraient subitement des citoyens libres ! Une fois leur tâche accomplie, ils n’appartiendraient plus qu’à eux-mêmes ! — Voilà ce que demandent les socialistes, qu’on accuse pourtant d’un esprit de réglementation et de tyrannie. Et la Chambre, surprise, n’osait pas reconnaître et adopter cette doctrine. Elle n’osait pas non plus la désavouer ouvertement et signifier aux 700,000 fonctionnaires de France qu’ils étaient la chose des préfets. Partant, elle n’osait pas signifier cette attitude à l’Université. Et elle s’est ralliée alors à un ordre du jour très vague. Millerand a crié qu’il n’était pas compromettant, et c’était vrai, car la Chambre, en approuvant les déclarations du gouvernement, approuvait les idées les plus confuses et les plus contradictoires.

Le ministre a dit en toute chose le pour et le contre. Il a dit qu’il était déplorable que les professeurs pussent briguer un mandat électif, — et il n’a pas osé se rallier à l’ordre du jour de MM. de Montfort et Montebello qui réclamaient une loi interdisant aux