Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/267

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fait de liberté on n’a jamais que celle qu’on prend. » Ils se rappelleront aussi que c’est la liberté de tous les fonctionnaires qu’ils préparent en défendant la leur, et que tout au moins cette bourgeoisie pauvre, qui faute de capital va aux fonctions publiques, ne leur boudera pas.

J’ajoute, si l’on s’obstine à parler d’autorité gouvernementale, que celle-ci ne tarderait pas à être singulièrement affaiblie si on entrait dans un système de réaction et de compression contre l’Université. Nous avons vu quelques préliminaires, quelques timides essais. Peut-être s’arrêtera-t-on ; peut-être aussi, et plus probablement, sous l’influence du mouvement général de réaction qui se dessine, sera-t-on contraint d’aller plus loin : tous les professeurs suspects de socialisme seront inquiétés, évincés peu à peu ; et l’on reverra sous la République ces temps de l’Empire où Sarcey, About, Taine, Prévost-Paradol, bien d’autres encore, toute l’élite libérale de l’Université, étaient hors de l’Université. Je ne vois pas ce qu’y gagneront la République et l’autorité gouvernementale. Le gouvernement aura mis au front de tous ceux qui seront restés avec lui un signe de servitude : la belle force au jour du péril !

Et au point de vue des intérêts immédiats de l’Université, qu’a-t-on à craindre ? S’imagine-t-on vraiment que parce que des professeurs affirmeront leur foi