Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

liberté ; la question viendra à son lieu et à son heure. Je fais observer seulement que dans ce pays où il y a dès maintenant 700,000 familles de fonctionnaires, sans compter les ouvriers d’État, et où des services privés se transforment incessamment en services publics : allumettes, téléphones, demain peut-être assurances, chemins de fer, rectification de l’alcool, etc., etc., si on ne trouve pas moyen de respecter dans le fonctionnaire l’homme tout entier, le citoyen tout entier, nous nous acheminons, sous prétexte de gouvernement, vers la domestication universelle. C’est nous, socialistes, qu’on accuse d’être des fanatiques de réglementation et d’enrégimentement, qui émanciperons les fonctionnaires comme les autres travailleurs. Et plus nous croyons à la nécessité de l’action collective, plus aussi nous nous préoccupons de sauvegarder, dans les organisations collectives, les libertés individuelles.

Ce sera l’honneur de l’Université que ce soit d’abord à propos d’elle que la question de la liberté du fonctionnaire se soit posée. Plus que d’autres encore, le professeur, à raison de ses fonctions intellectuelles, a besoin de liberté. Et ce sera l’honneur aussi de l’Université d’avoir, par plusieurs de ses maîtres, sous l’arbitraire ministériel, maintenu son droit. Les instituteurs et les professeurs ne faibliront pas : ils se rappelleront le mot que M. Spuller, grand-maître hier encore, écrivait dans son livre sur Lamennais : « En