Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/271

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et le socialisme seul. Le peuple est prêt à écouter avidement les maîtres qui l’entretiendront des grandes conceptions scientifiques ou philosophiques. Il y a dans ces consciences neuves une soif des hautes vérités que la bourgeoisie routinière et pesante ne soupçonne pas.

Mais il est à l’heure présente une condition impérieuse pour que le maître soit écouté : c’est qu’il n’apporte pas au peuple la haute science, les grandes conceptions scientifiques, poétiques, métaphysiques, religieuses du génie humain comme une diversion aux problèmes économiques, mais, au contraire, comme le couronnement espéré et splendide d’un ordre social nouveau où tout homme affranchi des servitudes de la misère aura sa part de la vie idéale. Je le répète et je l’affirme, la pensée humaine, la pensée libre, la pensée affranchie du dogme ne peut pénétrer aujourd’hui jusqu’au fond du peuple, avec toute sa force auguste et vraiment religieuse, que si elle est unie à la pensée socialiste. Qui donc, en Allemagne, a organisé l’enseignement populaire supérieur ? Le parti socialiste. Qui donc, en Belgique, a fait de l’University Extension une vérité ? Le parti socialiste. J’ai vu à Bruxelles les principaux militants et propagandistes du parti ouvrier, les Vandervelde, les Vanderbrook, au sortir des réunions socialistes où ils discutaient avec les ouvriers