Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/309

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n’étaient pas sages, de la fermeture de l’Université : l’État abandonnerait sa fonction enseignante comme un patron ennuyé par le syndicat ouvrier ferme son usine ; lock-out universitaire ou lock-out patronal, c’est d’un bon exemple, et il faut bien que la société se défende.

Or l’Université n’est pas aux mains de la bourgeoisie dirigeante un instrument de résistance assez sûr ; elle est à moitié suspecte ; et le vide peu à peu se fait autour d’elle. Cette défaveur ira s’aggravant. C’est en vain que le pouvoir essaiera de réprimer toutes les tendances inquiétantes de l’Université ; c’est en vain qu’il persécutera les professeurs socialistes, et surveillera étroitement l’enseignement de tous les maîtres. Il provoquera seulement des révoltes intellectuelles qui seront un scandale, de plus, et l’Église, puissance de réaction, bénéficiera de toutes les frayeurs, de tous les égoïsmes qui poussent à la réaction la bourgeoisie dirigeante.

Il n’y a donc pas, il ne peut pas y avoir une solution particulière du problème de l’enseignement. Seule une crise sociale profonde le résoudra, contre l’Église, et pour la liberté. Quand il n’y aura plus d’intérêts de classe contraires aux intérêts de la science et au souci de la libre vérité, alors, mais alors seulement, la nation enseignante redeviendra maîtresse de l’éducation.