Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/308

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capitaliste. De là, dans la période de réaction où nous sommes, la défaveur de l’Université. La bourgeoisie redoute non seulement l’assaut que lui livre le prolétariat, mais l’esprit de doute qui désorganise sa propre résistance. À mesure que l’ennemi devient plus pressant, la garnison enfermée dans la place raffermit sa propre discipline, et les privilégiés ne veulent pas que leurs fils puissent douter, même un instant, de leur privilège ; ils vont, d’instinct, à la puissance qui traduit le mieux le principe d’autorité.

Cet état d’esprit vient de se marquer nettement à propos des maîtres répétiteurs. Leur association est dissoute ; et le ministre a allégué qu’elle faisait tort à l’Université. En quoi donc ? Est-ce que les maîtres répétiteurs perdent de leur valeur éducatrice parce qu’ils se groupent pour défendre leurs intérêts professionnels ? Est-ce que dans une République l’absolue passivité des fonctionnaires est une condition de bon ordre ? Non ! mais si même les plus modestes fonctionnaires de l’Université ont le droit reconnu de s’assembler, de discuter, de formuler les revendications communes, que devient le principe de l’autorité patronale ? Si l’État respecte la liberté de ses salariés, comment le patronat porterait-il atteinte à la liberté des siens ? et l’Université ne devient-elle pas un véritable scandale social ? Aussi le Temps, il y a quelques semaines, menaçait les maîtres répétiteurs, s’ils