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LES ALLIANCES EUROPÉENNES

« La Dépêche » du samedi 26 février 1887

Les élections allemandes assurent la majorité à M. de Bismarck : le septennat sera voté. Seulement, cette victoire coûte cher au chancelier : il n’a maté l’Allemagne qu’en lui faisant peur ; pendant six semaines, il l’a tenue sous la menace de la guerre. Une pareille manœuvre ne se renouvelle point. M. de Bismarck a brûlé toutes ses cartouches électorales. De plus, quoique les socialistes aient perdu plus d’un siège, ils ont, en bien des centres, gagné des voix, et leur haut idéal, leur foi profonde et tranquille les rendront tous les jours plus redoutables. Si, en Alsace, le sentiment français avait paru un instant sommeiller, le chancelier, de sa main de fer, l’a secoué si rudement qu’il s’est réveillé et qu’il est debout maintenant comme au premier jour. Les difficultés restent donc grandes ; et qui sait si, dans cet ennui d’une lutte quotidienne au dedans, M. de Bismarck n’écoutera point le parti militaire qui lui conseille une vigoureuse diversion au dehors ? L’inconnu est ouvert devant nous.

Vous entendiez murmurer plus d’une fois aux