Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/328

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nous croyait en proie à cette agitation troublante de la politique impériale qui, comme un enfant malade, touchait à tout. L’Empire ne nous a pas valu seulement les désastres de 1870, mais encore, pendant seize ans, dans l’Europe presque entière, une survivance étrange de méfiance et d’hostilité. Par je ne sais quel prodige, ce despotisme fou, quoique déraciné de notre sol, nous tenait encore sous son ombre. Cette ombre, c’est à peine si, par une longue sagesse, la République vient de la dissiper ; que ceux que leur instinct n’a point d’abord amenés à elle, mais qui aiment leur pays avec clairvoyance, lui sachent gré de cette grande œuvre d’apaisement, de désarmement moral envers la France qu’elle a accomplie en Europe. Pour nous, c’est avec une joie profonde, et que nous ne nous lassons pas d’exprimer, que nous sentons d’accord dans notre âme l’amour de la République et l’amour de la patrie.