Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/337

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propose la commission, renvoyer en congé, au bout de la deuxième année, pendant six mois, un très grand nombre d’hommes, qui reviendront pour les grandes manœuvres d’automne ; ou bien, comme quelques-uns le demandent, nous pourrons simplement renvoyer au bout d’un an, par le tirage au sort, un certain nombre de soldats. Ainsi notre budget sera ménagé, et, en même temps, tous les citoyens resteront égaux devant la loi.

Cela est simple, cela est juste, mais cela ne fait point l’affaire des privilégiés de tout ordre, ni de ceux qui appuient toute leur résistance politique sur la défense habilement dissimulée du privilège. M. le baron Reille veut d’abord qu’on maintienne les anciennes exemptions : ni les futurs instituteurs, ni les futurs professeurs ne serviront. Vous devinez bien que ce n’est ni le souci de la haute culture intellectuelle, tant négligée par l’Empire, ni l’amour passionné de l’enseignement populaire, si suspect à la réaction, qui inspirent cette pensée. Les futurs maîtres de la jeunesse, qui savent que leur influence et leur dignité ne sont qu’au prix du devoir commun virilement accepté, ne se laisseront pas prendre à ce piège. D’ailleurs, ils ne sont exemptés que pour faire nombre : il faut que, mêlée à eux, la grande privilégiée, à qui on songe surtout, se remarque moins.

Je veux parler de l’Église ; c’est elle, en réalité, que