Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/338

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le comte de Lanjuinais et le baron Reille veulent soustraire au droit commun. Or, nous avons, nous, sans fanatisme aucun, des raisons décisives de l’y faire rentrer. Elle est devenue le centre de toutes les résistances à la démocratie et au progrès humain. C’est elle qui, pendant des siècles, sauf quelques initiatives individuelles, a laissé le peuple de France dans l’ignorance ; elle s’est bornée presque toujours à dresser quelques acolytes. Il y a un demi siècle, Lamennais lui adressait un pressant appel : « A l’origine du christianisme, l’Église est sortie du peuple : qu’elle se souvienne de son origine ; que, dans la grande lutte entre les peuples et les rois, entre les opprimés et les oppresseurs, entre la science et l’ignorance, la lumière et les ténèbres, la fraternité et l’égoïsme, le bien et le mal, l’Église prenne parti, pour la liberté, la fraternité et la lumière : par là, et par là seulement, elle se sauvera, en sauvant le monde. » L’Église n’a point entendu cet appel. Pour ne parler que de notre pays, elle s’est associée au Deux-Décembre par ses bénédictions, au Seize-Mai par ses propagandes, — ce qui explique d’ailleurs parfaitement la reconnaissance de M. le baron Reille. Tout récemment, son chef abusait de son autorité sur les consciences catholiques au profit du militarisme allemand dirigé contre nous. Elle avait reçu un magnifique dépôt de croyances consolantes et d’espérances. Mais elle a voulu,