Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/346

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rajeunir, vous savez lire, vous pouvez par conséquent réveiller dans votre mémoire les idées de patrie, d’égalité, de fierté, que le régiment vous a données : n’oubliez pas. Un sillon a été creusé dans votre esprit, ne le laissez point s’effacer. Vous pouvez, après avoir été des soldats de la patrie, devenir, au hameau comme à la ville, des soldats de la justice. Songez parfois, en retournant votre champ, que, de même que vous faisiez partie naguère d’une grande armée, vous faites partie aujourd’hui d’une grande société d’hommes libres, maîtres de leur destinée par la République, et organisés pour combattre ces trois ennemis : le privilège, l’ignorance, la misère. Après avoir jeté la semence à la terre, jetez par la lecture la semence à votre esprit ; que le modeste horizon familier qui enferme désormais votre travail et votre vie, s’élargissant soudain pour l’œil de l’intelligence jusqu’aux limites de la patrie républicaine, s’emplisse de lumière, de tendresse et de liberté.