Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/357

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droit est reconnu par l’Allemagne ; il a été proclamé, une fois de plus, par M. de Bismarck ; l’Autriche ne fait des réserves que sur l’occupation militaire de la Bulgarie. Il semble dès lors très naturel qu’une solution pacifique intervienne.

Je sais bien que l’on dit : « Mais si une grande guerre ne couve pas quelque part, à quoi bon de tout côté ces armements formidables ? » Les peuples devront se précipiter les uns sur les autres, quand ce ne serait que pour déposer, un instant après la bataille, la cuirasse de fer qui les opprime : soit, mais ils ne pourraient pas la déposer après. On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre. Les nations ne heurteront pas leurs armures sous prétexte qu’elles sont trop lourdes. M. John Lemoinne écrivait encore ce matin : « Le monde crie, étouffe sous cette panoplie. » C’est vraiment excessif. Au point de vue moral, toutes les classes de la société dans tous les pays s’accommodent du service militaire, à condition qu’il soit sensiblement égal pour tous. L’esprit de sacrifice est très grand dans l’Europe actuelle. Au point de vue matériel, ce n’est pas précisément des dépenses militaires que nous souffrons : nous souffrons d’une crise qui ne tient pas surtout à ces dépenses, puisqu’elle a désolé aussi les États-Unis et l’Angleterre, qui n’ont presque point d’armée. La vérité est qu’au milieu même de la crise, le rendement des impôts n’a fléchi dans aucun