Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/378

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problèmes purement politiques, la révision de la Constitution, l’organisation démocratique des pouvoirs, et vous venez nous dire, en Allemagne, qu’il n’y a pas d’amélioration sociale possible sans des réformes politiques ? Messieurs, vous ne travaillez donc que pour l’exportation ? »

Et voilà bien, en effet, où nous sommes réduits, par la médiocrité d’esprit et d’âme de la politique dite pratique, par l’abaissement systématique de toutes les questions. Ou bien nous irons soutenir à Berlin une politique généreuse et grande, et on nous dira : « Ce n’est pas la vôtre. » Ou bien nous nous bornerons à exposer à Berlin la politique sans idéal et sans foi qui, depuis quelque temps, est la nôtre, et son humiliante nullité éclatera à tous les yeux. Cela vous inquiète que la France doive être représentée à Berlin par quelques plats économistes ; mais enfin, c’est bien à eux à porter la parole au dehors, puisque c’est eux, en somme, qu’on écoute au dedans.

Je me rappelle qu’à l’École normale M. Courcelle- Seneuil nous faisait un cours d’économie politique, et il nous apprenait les axiomes de la grande science : « De deux terrains également fertiles, le mieux cultivé est celui qui produit le plus. » Voilà au moins qui n’était pas chimérique. C’était pratique, cela : j’espère bien que M. Courcelle-Seneuil renouvellera à Berlin cette affirmation, et démontrera aux