Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/391

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divisé, le centre catholique s’est divisé. Le parti des socialistes démocrates a été uni et compact : il a fait bloc contre le militarisme, contre le chancelier et l’empereur. C’est en vain que les chauvins de la Prusse ont crié aux socialistes : « Vous trahissez l’Allemagne ! » Ils ont répondu : « Nous servons les intérêts du peuple. » Quand les députés d’Alsace-Lorraine sont accourus pour voter contre le projet, les clameurs ont redoublé : « Vous le voyez bien ! vous faites cause commune avec les ennemis de la patrie allemande ! Vous êtes d’accord avec la France ! » Et l’empereur lui-même les a accusés d’être de « mauvais patriotes ». Ils ne se sont pas laissé troubler, et ils ont tenu bon. Demain, comme aujourd’hui, ils lutteront contre le caporalisme prussien. Et si l’empereur était tenté de chercher dans la guerre une diversion aux difficultés intérieures soulevées par la politique prussienne, l’opinion, avertie par les socialistes, serait contre lui. Elle l’arrêterait sans doute, au seuil de cette folle et criminelle équipée.

Et parce que nous, socialistes français, nous acceptons de nous rencontrer dans des congrès internationaux avec des socialistes allemands comme Bebel et Liebknecht, qui ont été emprisonnés pour avoir protesté contre l’annexion de l’Alsace-Lorraine ; parce que nous étudions avec eux les moyens d’empêcher les abominables conflits sanglants entre les peuples et