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LES MARINS RUSSES À PARIS

« La Petite République » du 29 octobre 1893

Il faut à certains réactionnaires une étrange sénilité pour voir dans les fêtes franco-russes le prélude d’une restauration monarchique en France. Il y faut aussi une inconscience analogue à celle de 1815 : c’est toujours dans les fourgons de l’étranger qu’ils veulent ramener le maître, et c’est toujours, sous des formes diverses, des armées alliées qu’ils attendent leur roi.

Laissons ces tristes fantaisies de la décrépitude politique. Quand bien même tout le beau monde réactionnaire mobilisé pour la soirée de gala donnerait contre la République, elle ne s’en apercevrait même point. Le vrai, c’est que la réaction a continué, à propos des fêtes franco-russes, et avec la demi-complicité du gouvernement, son mouvement de pénétration, non pour renverser la République, mais pour s’en emparer. Perfidement, sournoisement, elle a tenté de dénaturer, de détourner à son profit les grandes manifestations du sentiment populaire.

Le peuple, dans ses vastes mouvements spontanés, ne se trompe guère. Même au temps du Boulangisme,