Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/399

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il n’entendait pas se ruer à la servitude. Il voulait protester contre un personnel parlementaire impuissant et discrédité, contre les stériles agitations politiciennes de l’oligarchie bourgeoise. Seulement la réaction le guettait, et, obscurément, par toutes les puissances d’argent et d’intrigue, elle dérivait vers le césarisme d’abord, vers la monarchie ensuite, ce qui était à l’origine un mouvement de socialisme confus. De même aujourd’hui, par ses acclamations aux marins russes, par la prodigieuse allégresse de ses foules, Paris n’a voulu ni rendre hommage au principe monarchique représenté par le tsar, ni réveiller la guerre, ni réchauffer la réaction, ni renier ou immobiliser la République. Non. Paris a voulu attester sa confiance en la force renaissante de la patrie, résumer en une superbe effusion de joie le silencieux effort de vingt années, constater que le cercle d’indifférence ou de haine où l’on avait prétendu enfermer la France s’ouvrait enfin, et affirmer la paix, non point précaire et humiliée, mais ferme et fière. Voilà ce qu’a signifié Paris, et point autre chose. Seulement, voyez la réaction, et écoutez-la.

La réaction bonapartiste, ensevelie sous les désastres de 1870, cherche une réhabilitation du militarisme impérial. Derrière la triste nuée de l’année terrible, et pour la dissiper, on nous montre les gloires de Crimée ou d’Italie, comme si les aventures funestes n’étaient