Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/402

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la religion, qui fait partie si manifestement de l’alliance russe, ne rentrerait-elle pas en grâce ?

Oui, voilà ce que la réaction bonapartiste et cléricale et le modérantisme veulent faire sortir de la grande manifestation populaire et patriotique qui a remué le pays tout entier. D’une vibrante allégresse qui signifie Paix, quelques incorrigibles casse-cou de l’Empire ne seraient point fâchés que sortît la guerre. D’un mouvement qui atteste la force et la spontanéité du peuple, son ferme vouloir de substituer aux diplomaties occultes sa diplomatie à lui, la diplomatie de la rue et du grand soleil, — d’une fête qui étend à la politique extérieure elle-même, jusqu’ici réservée, la souveraineté de tous, les habiles du modérantisme et de la réaction veulent obtenir une diminution de la souveraineté populaire. Si la démocratie réclame l’entière émancipation de la société civile, on lui dira : « Silence ! ne craignez-vous pas, en contristant l’Église catholique, de contrister sa bonne cousine, l’Église russe ? » Si la démocratie réclame l’amnistie pour ceux qui expient, dans les prisons de la République, leur lutte inégale contre le capital, silence aux démagogues ! Veulent-ils donc que la France paraisse fomenter le nihilisme, et ne faut-il pas que toutes ces vieilleries socialistes ou anarchistes soient déposées, selon la fière expression d’un académicien français, « aux pieds du Tsar » ? S’il faut négocier avec nos