Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/401

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vingt ans ! Pour rétablir l’Empire ? Non. Mais pour faire je ne sais quelle république militaire, livrée de nouveau aux États-Majors à panaches.

Et, après tout, est-ce que la réhabilitation n’a pas commencé ? est-ce que l’homme au « cœur léger » n’avait pas sa place marquée à la grande fête où l’on prétendait résumer la patrie française ? Les fossoyeurs appelés à fêter la résurrection ! Que ne peut-on désormais espérer de la France oublieuse ? Ne s’attendrissait-elle point — au moins c’est Cornély qui l’affirme — devant les chamarrures et les dorures de nos généraux ? ne faisait-elle point à l’armée « la place qui lui appartient, la première » ? Et n’est-ce pas ainsi qu’on inocule peu à peu le bonapartisme à la République ?


Et le cléricalisme aussi. Déjà elle avait été bénie par le pape, et comment bouder à une bénédiction ? Mais maintenant, n’est-ce point nos amis les Russes qui ont achevé la réconciliation de la République et de l’Église ? Les républicains étaient un peu gênés sous le surplis dont les avait délicatement revêtus le Pape. Ils n’avaient pas osé inviter le Cardinal à l’Hôtel de Ville. Vite, les Russes ont réparé cette omission : une de leurs premières visites est pour l’archevêché. Ne nous ont-ils pas donné ainsi — c’est le Temps qui parle — une leçon d’esprit politique et de tact ? Et comment