Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/407

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ment : à eux aussi on jette le mot de sans-patrie, Vaterlandslos.

Ce n’est pas qu’ils soient des « protestataires » ; ce n’est pas que dans les villes d’Alsace qu’ils représentent, Bebel à Strasbourg, Bueb à Mulhouse, ils aient déployé le drapeau de la protestation. À quoi cela servirait-il ? et en quoi une guerre de revanche serait-elle une solution ? Leur protestation, à eux, c’est la protestation socialiste contre le militarisme et contre la dictature de la force et du capital. Ils préparent la République sociale, et, quand elle aura triomphé des deux côtés des Vosges, la question d’Alsace-Lorraine sera résolue. Les autres partis qui ont voté la suppression de la dictature, les progressistes et le centre catholique, demandent tout d’abord aux Alsaciens-Lorrains « de reconnaître sans esprit de retour le traité de Francfort ». C’est la formule même dont s’est servi M. Lieber, le chef du centre catholique depuis la mort de Windthorst. Les socialistes allemands, eux, ne demandent aux Alsaciens-Lorrains rien de pareil. Ils ne sont ni pour, ni contre le traité de Francfort : ils sont au-dessus. Ils pensent que la question d’Alsace-Lorraine ne peut être résolue que par la ruine du militarisme et de l’autocratie féodale et bourgeoise, par le progrès de la démocratie sociale en Allemagne et en France. C’est là aussi notre conviction profonde.

Au demeurant, dans l’état présent de la question