Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/408

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d’Alsace-Lorraine, on peut dire qu’il y a une détente au moins momentanée. Par la voix de tous leurs députés, les Alsaciens-Lorrains ont déclaré qu’ils considéreraient une nouvelle guerre entre la France et l’Allemagne comme le plus épouvantable des malheurs, — et j’étonnerais plus d’un chauvin de France si je disais en quels termes les députés alsaciens ont parlé de certains « patriotes » français.

Si la sagesse des deux peuples, si la force croissante du socialisme international parviennent à écarter et à prévenir de nouveaux combats, l’apaisement, en cette question d’ Alsace-Lorraine, pourra se produire sous deux formes bien opposées : ou bien il se produira, comme Guillaume II l’espère, par la lassitude et par l’oubli ; ou bien il se produira, comme les socialistes l’espèrent, par la justice sociale. La tactique de Guillaume II est très claire, et nous l’avons dès longtemps signalée : il veut reconquérir les bonnes grâces des classes dirigeantes de France et des badauds. Il a envoyé les télégrammes pour Mac-Mahon et Canrobert ; il s’informe de la Gascogne ; il déclare qu’il réserve désormais son armée contre les ennemis du dedans, c’est-à-dire contre les socialistes, et il la met ainsi au service du capital international ; il laisse entendre qu’il est personnellement favorable à une législation libérale en Alsace-Lorraine ; si l’abolition de la dictature n’a pas des inconvénients graves, il ira plus loin :