Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/420

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n’acceptent pas l’autocratie militaire de l’étranger. (Applaudissements à l’extrême gauche.)


Mais ce n’est pas dans la guerre de revanche qu’est la solution. La guerre de revanche ne peut avoir d’autre effet que de transformer de nouveau en champ de massacres, de sang et de ruines, les provinces disputées ; elle ne peut avoir d’autre effet, par le renouvellement incessant des luttes, que d’exaspérer ces passions qui aboutissent de part et d’autre à des convulsions sans fin ; elle ne peut avoir d’autre effet que d’imposer à deux peuples, à perpétuité, par l’urgence perpétuelle du péril, la dictature militaire, et si la patrie ne périssait pas dans la défaite, la liberté pourrait périr dans la victoire. (Applaudissements à l’extrême gauche.) Non, messieurs, la solution n’est pas là. Elle est, non seulement pour ceux qui sont séparés de nous, mais pour tous les autres peuples ou fragments de peuples qui peuvent souffrir de la conquête, elle est dans le développement de la liberté politique et de la justice sociale en Europe.

Ah ! il n’y a aucun rapport entre l’Alsace-Lorraine, qui sent battre à côté d’elle, comme un grand cœur qui ne s’arrêtera jamais, le peuple dont elle a été retranchée violemment, et cette Irlande qui n’a aucun point d’appui national hors d’elle-même, ou cette Pologne démembrée qui serait morte depuis longtemps si la vie