Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/432

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Permettez-moi de vous le dire, et cela je le dis respectueusement, c’est le devoir des officiers de notre armée, non pas, par une modestie impuissante, de revenir au système des armées antiques ou des petites armées de métier, mais de se mesurer hardiment par d’héroïques efforts d’esprit et de travail avec l’immense difficulté des armées modernes. Qui parle trop d’Alexandre risque fort d’oublier de Moltke, et cela n’est pas très rassurant. (Applaudissements à l’extrême gauche.)


Donc, messieurs, voilà la situation contradictoire où est en ce moment-ci votre organisation militaire : d’une part, il n’y a qu’une proportion décroissante de l’effectif dans vos casernes, parce que toute votre armée réelle et efficace est au dehors ; et je ne comprends pas qu’on vienne dire — il m’avait semblé le comprendre dans les paroles de M. Delafosse et aussi dans celles du Gouvernement — je ne comprends pas qu’on vienne dire que le premier choc décidera de la destinée de la nation. Eh oui ! il faut mettre, si on le peut, de son côté les premières victoires ; mais il ne faut pas dire à ce peuple, qui tant de fois s’est relevé du premier choc de la défaite, que toute la guerre est dans les premières batailles, que toute la patrie est dans les premiers bataillons. Il faut lui donner, au contraire, par une organisation appropriée de cette immense armée de réserve, le sentiment vrai, perma-