Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et les Hanotaux, et les Méline ? Ce qui importe, c’est que nous prenions tous conscience de ce qu’est et veut la France. Elle ne veut point d’aventures, mais elle veut, sous des formes nouvelles, refaire sa grandeur dans le monde, donner un plein essor à sa force et à son génie. Elle ne veut pas être une âme contrainte et refoulée : elle veut agir sur les choses humaines, et hardiment et au grand jour, selon la juste part que l’histoire et la Révolution assignent à la France ; elle veut se proposer une grande et noble fin et y tendre de toutes ses énergies. Et elle s’apercevra bien vite que ce n’est pas par un impossible accord avec l’autocrate russe qu’elle pourra renouveler et agrandir sa vie ; cet accord, au contraire, ne peut que lui enlever tout espoir de retrouver son intégrité nationale, et refouler ses énergies républicaines et socialistes. La faillite de la combinaison franco-russe suivra donc de près la fête franco-russe ; et le peuple de France comprendra enfin, après toutes les illusions et toutes les duperies, que c’est seulement dans la République socialiste qu’il trouvera le noble emploi de sa force, l’expansion de sa conscience, l’essor de son orgueil et de sa joie et la grandeur nationale inséparable aujourd’hui de l’affranchissement humain. O peuple de France, que ton rêve monte et monte encore ; car, si haut qu’il aille, l’idée socialiste ne sera jamais au-dessous de lui.