Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/464

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que c’étaient eux qui, par leur imprudence, par leurs excitations, étaient pour une large part responsables des maux qui s’étaient abattus sur leurs compatriotes. Et vous avez oublié d’ajouter, ou du moins vous n’avez pas ajouté avec la même force qu’y a mis M. de Mun lui-même, qu’assurément et quel que soit le jugement porté sur eux, ils n’avaient pas été les provocateurs ; vous avez oublié de rappeler qu’avant leur responsabilité, s’ils en ont une — et que peut être d’ailleurs la responsabilité de quelques hommes ou de quelques comités à côté du martyre et du massacre de tout un peuple ? — vous avez oublié de rappeler qu’au-dessus et bien avant la responsabilité de ces hommes, il y avait la responsabilité du Sultan lui-même et celle de l’Europe.

Voilà dix-huit ans, messieurs, — et bien avant qu’il se soit fondé en France ou à Londres des comités arméniens, — que l’Europe réunie au congrès de Berlin avait reconnu elle-même la nécessité de protéger les sujets arméniens de la Turquie. Voilà dix-huit ans qu’elle avait inséré dans le traité de Berlin l’engagement solennel de protéger la sécurité, la vie, l’honneur des Arméniens. Et il était entendu, en même temps, que l’Europe devrait demander des comptes annuels, devrait exercer un contrôle annuel sur les réformes et sur les garanties introduites par le Sultan dans ses relations avec ses sujets d’Asie Mineure. Eh bien !