Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/465

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où sont ces comptes ? où sont ces contrôles ? où est la trace de cette intervention solennellement promise par l’Europe elle-même ? Et lorsque, devant la faillite de tous ces engagements, lorsque, devant l’indifférence de l’Europe qui détourne la tête, qui laisse se perpétuer contre l’Asie Mineure tous les abus antérieurs, qui se contente d’avoir dépecé l’empire turc, de lui avoir pris au profit des uns ou des autres la Bulgarie, la Bosnie, l’Herzégovine et Chypre, et laisse subsister dans ce qui lui reste de provinces les abus qui avaient servi de prétexte à sa première intervention, peut-être pour se ménager plus tard un prétexte à de nouvelles interventions ou à de nouvelles spoliations, — … vous vous étonnez que les Arméniens, qui sont les dupes ou les victimes de cette intrigue européenne, de ce manquement à la parole européenne, aillent dans les capitales, à Paris, à Londres, essayer d’éveiller un peu la pitié, l’attention de l’Europe ! Et c’est contre eux, monsieur le ministre des Affaires étrangères de France, qu’au lendemain de ces massacres qui ont fait cent mille victimes, oubliant que c’est l’Europe qui a manqué à sa parole, c’est contre ces victimes que vous avez eu ici les paroles les plus sévères ! (Applaudissements à l’extrême gauche.)

Nous aussi, nous voulons la paix ; mais nous ne pensons pas que ce soient des paroles comme celles qu’a prononcées M. le ministre des Affaires étrangères, que