Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/472

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patriotisme européen dont je remercie M. Denys Cochin d’avoir parlé avec une pénétrante éloquence, c’est notre devoir à tous, si l’Europe a failli à sa mission, si, divisée contre elle-même par des convoitises, par des jalousies, par des égoïsmes inavouables, elle a laissé égorger là-bas tout un peuple qui avait le droit de compter sur sa parole, uniquement parce qu’elle avait peur de se battre dans le partage des dépouilles ; c’est notre devoir, à nous, de venir confesser ici les fautes et les crimes de l’Europe pour qu’elle soit tenue aux réparations nécessaires. (Applaudissements à l’extrême gauche et sur plusieurs bancs à gauche.)

Oui, et dans cette responsabilité générale de l’Europe dite chrétienne et civilisée, il y a trois peuples, parmi lesquels j’ai la douleur profonde de compter le nôtre, il y a trois peuples qui ont assumé une responsabilité particulièrement pesante, et ces trois peuples sont l’Angleterre, la Russie et la France.


Messieurs, j’ai dit l’Angleterre… Ah ! je ne veux m’ associer contre ce grand pays à aucune manœuvre tendancieuse, à aucune des haines qu’on essaye de créer à l’heure actuelle dans l’esprit de notre peuple. Je sais qu’on tente à cette heure, par une détestable diversion, de substituer, dans la conscience française, à l’impérissable revendication de l’intégrité nationale… (Vifs