Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/473

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applaudissements)… je ne sais quelle haine systématique contre l’Anglais. Ni mes amis ni moi nous ne nous associerons à cette diversion trop habile. (Très bien ! très bien ! sur divers bancs. — Mouvements divers.) Mais je ne veux pas pour cela me dissimuler les responsabilités qu’à mon sens l’Angleterre a encourues dans la question arménienne. Et nous n’avons pas besoin de les définir nous-mêmes : elles ont été définies courageusement par de nobles esprits de l’Angleterre elle-même. Vous n’avez, pour saisir les responsabilités anglaises, qu’à lire le beau livre que le duc d’Argyll, le dernier survivant, avec M. Gladstone, du ministère de Crimée, a publié, il y a quelques mois, sous ce titre : « Nos responsabilités en Turquie » : le duc d’Argyll constatait que, depuis un siècle, — depuis qu’après la grande lutte de Pitt et de Fox sur la question de la politique anglo-russe, l’Angleterre était entrée décidément dans la lutte contre la Russie, — l’Angleterre se faisait trop souvent, dans un intérêt purement égoïste, la gardienne jalouse de la Turquie, et qu’elle y avait perpétué, par sa protection même, bien des abus, bien des désordres, bien des iniquités qui auraient pu disparaître. Mais ce sont là les responsabilités anciennes de l’Angleterre. Il y en a d’autres qui ont surgi précisément depuis qu’elle a adopté une attitude en apparence contraire : oui, nous assistons, depuis quelques années, depuis un an ou deux, et pré-