Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/493

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dans aucune hypothèse, la France pourrait assumer, sans une responsabilité redoutable, sans une répudiation douloureuse de tout son passé, le fait d’une agression contre le peuple de Grèce ; mais il me sera bien permis de dire que vous n’en avez pas le droit, vous qui n’avez pas su résoudre le problème crétois avant l’intervention de la Grèce et en dehors de la Grèce. (Applaudissements à l’extrême gauche.)

Ah ! vous éprouvez le besoin — il ne faut pas s’y tromper — de donner à l’opinion publique émue un commencement de satisfaction, et vous déclarez à cette tribune — nous prenons acte de vos paroles — qu’en aucun cas l’île de Crète ne pourra retomber sous la domination ottomane ! Mais, je le demande à votre loyauté, je le demande à la clairvoyance de la Chambre, si les Crétois avaient subi passivement, comme les ont subis les Arméniens, tous les outrages, toutes les violations de promesses, et l’ajournement indéfini des réformes, s’ils avaient été enveloppés comme les Arméniens dans un silence systématique et livrés aux massacreurs, si la petite Grèce ne s’était pas trouvée là pour penser à cette vieille parcelle de la terre hellénique, si elle ne vous avait pas forcé la main et obligé à prendre la défense des opprimés en la prenant elle-même, à l’heure actuelle vous déclareriez, monsieur le ministre des Affaires étrangères, au nom du principe de l’intégrité de l’empire ottoman, que la Crète, étant à l’empire