Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/492

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puissances prennent des initiatives, pourquoi la France s’est interdit jusqu’ici de prendre des initiatives conformes à ses traditions les plus nobles et à ses souvenirs les plus glorieux. (Applaudissements à l’extrême gauche.)

Il n’y a qu’une chose que nous ayons faite, et, à l’heure même où nous discutons à cette tribune, à l’heure même où s’échangent entre nous, dans la lassitude commençante de ce débat, des explications, il se peut, comme en témoignent les dépêches de ce matin, que la force de la France soit engagée dans l’île de Crète contre le petit peuple de Grèce, et ici j’ai bien le droit de dire que je ne suis pas rassuré, que je suis troublé, au contraire, par les paroles de M. le ministre des Affaires étrangères. Elles constituent une menace très claire et très formelle contre le petit peuple grec. M. le ministre des Affaires étrangères a déclaré qu’il saurait, que l’Europe saurait, le cas échéant, user de rigueur contre un peuple qui chercherait à abuser, pour son profit exclusif, des événements actuels. Oui, et les dépêches de ce matin nous annoncent que, sur la terre crétoise où ont débarqué, il y a plusieurs jours, d’un côté les forces grecques, et de l’autre celles des puissances européennes, il y a eu un commencement de conflit : l’escadre de l’Europe aurait envoyé des boulets sur un camp retranché où se trouvaient des soldats crétois et des soldats grecs. Messieurs, je ne sais pas si,