Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/495

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européen et du règlement des affaires de Crète, d’abord pour donner une leçon à ce petit peuple indiscipliné qui se permet de forcer la main aux grands empires, et ensuite pour ne pas permettre qu’il se reconstitue en Europe, à l’occasion d’une question quelconque, un droit nouveau fondé sur le respect des nationalités. » Or, le jour même ou le lendemain de l’arrivée des vaisseaux envoyés tardivement par l’empereur Guillaume dans les eaux de la Crète, ont commencé les actes d’hostilité, de violence, de brutalité. Vous pouvez demander à ce pays ce que vous voudrez ; demandez-lui, puisque vous dites qu’il a besoin de se recueillir, et de songer — ce sont vos paroles de tout à l’heure — à ses foyers immédiats, demandez-lui de restreindre en effet ses horizons et ses soucis ; demandez-lui de ne se laisser aller à aucune des aventures de la force, à aucune tentation d’imprudente générosité ; demandez-lui de ne se jeter dans aucun péril de guerre. Mais à la minute même où vous prononcez ces paroles, à la minute même où vous rappelez la France à la paix, à la prudence humble, mais nécessaire (Rumeurs au centre. — Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche), à cette minute même, ne laissez pas entendre qu’il y a ou une guerre commencée ce matin, ou une guerre possible demain, et cette guerre-là, non plus pour forcer le Sultan et la Turquie à des réformes d’humanité, mais pour châtier la Grèce