Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/496

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d’avoir libéré une partie des populations opprimées, et pour donner satisfaction à l’esprit de domination conservatrice de l’empereur Guillaume. Et c’est parce que nous sommes engagés par vous, monsieur le ministre des Affaires étrangères, et par le Gouvernement, dans cette direction, que nous ne pouvons pas vous accorder notre confiance.

Vous nous avez dit qu’il fallait choisir ; vous nous avez dit qu’il n’était pas suffisant de critiquer et de ruiner votre système, que nous devions en opposer un. Nous vous l’avons dit depuis longtemps, notre système : c’était simplement celui que, depuis des années, votre ambassadeur même à Constantinople vous conseillait. Notre système, c’était de ne pas laisser s’envenimer, s’exaspérer jusqu’à des convulsions meurtrières les blessures des populations de l’empire ottoman ; notre système, c’était de faire entendre la voix de l’humanité, et la voix de la France, qui devrait être indiscernable de la voix de l’humanité, et de la faire entendre à temps. (Applaudissements à l’extrême gauche et sur divers bancs à gauche.)

Vous avez attendu. Vous avez reçu pendant des années les rapports de vos consuls, les rapports de vos ambassadeurs, qui vous apportaient par milliers les chiffres des massacres. Vous n’avez pas agi, vous n’avez pas su agir utilement. Et vous, qui n’avez pas