Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/503

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l’heure actuelle et la Serbie et la Bulgarie. Assurément elles peuvent désirer, comme la Grèce, des agrandissements de territoire ou d’influence, mais elles ont un autre souci qui les domine visiblement aujourd’hui. Ce souci, c’est de maintenir leur indépendance nationale, c’est de maintenir leur autonomie. Et l’autonomie de ces peuples, serbe, bulgare, est exposée à un double péril. Ils peuvent être guettés en effet par la Turquie, essayant de reconquérir sur eux l’ancienne domination. Mais ce péril n’est pas le seul, et les Serbes, les Bulgares savent que leur indépendance nationale peut être menacée par les grandes puissances européennes, ou par l’Autriche-Hongrie, ou par la Russie. Et voilà pourquoi, à l’heure actuelle, dans les Balkans, en Bulgarie, en Serbie, malgré les jalousies que pourrait exciter le développement nouveau de la Grèce, il y a aussi ce sentiment profond que la croissance dans l’Orient de l’Europe d’un État libre comme la Grèce peut assurer par contre-coup des garanties nouvelles d’indépendance et d’autonomie à tous ces peuples qui ne veulent pas être absorbés. Voilà pourquoi, messieurs, tandis qu’on nous menaçait depuis quelques semaines, si nous n’arrêtions pas brutalement les prétentions de la Grèce, des convoitises et du déchaînement de la Bulgarie, le chef du gouvernement bulgare a déclaré qu’il ne considérait pas l’annexion de la Crète à la Grèce comme