Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/507

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ici : « Il ne faut plus qu’il soit versé une goutte de sang »[1]. Mais il a repris confiance, il ne vous redoute plus ; il voit tout à coup que vous restez encore ses meilleurs soutiens et ses meilleurs amis. Et voici qu’à l’heure même où nous parlons, les massacres d’Arménie recommencent, les populations arméniennes sont massacrées de nouveau, et le Sultan ne nous permet pas d’oublier une minute à quelle collaboration vous vous résignez, en acceptant l’action des troupes ottomanes pour la pacification de la Crète. (Applaudissements à l’extrême gauche.)

La Chambre sait donc ce qu’elle fait, ce qu’elle vote à cette heure. Ce qu’on lui demande d’instituer, ce n’est pas la paix : c’est peut-être notre paix à nous, et pour un moment, notre paix étroite, notre paix égoïste. Mais ce n’est pas une paix que cette paix sanglante, c’est la caricature de la paix, c’est la forme la plus odieuse de la guerre ! (Applaudissements à l’extrême gauche.)

  1. Nous savons bien que la majorité approuvera demain, comme elle approuvait hier, tous les actes gouvernementaux. Mais nous savons aussi que l’opposition parlementaire la plus impuissante en apparence peut agir, en réalité, sur la marche des événements : le Livre jaune atteste que les débats sur les affaires d’Arménie, malgré les ordres du jour de triomphe qui ont suivi, ont obligé M. Hanotaux à regarder de plus près aux massacres arméniens.
    (Jean Jaurès. — La Lanterne du dimanche 2 mai 1897)