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L’ALLIANCE RUSSE ET LA RÉACTION

« La Petite République » du samedi 24 juillet 1897

Un problème nouveau, un problème poignant se pose aux démocrates, aux socialistes. Il semblait que depuis le manifeste du duc de Brunswick, ou tout au moins depuis 1815, nous n’avions plus à tenir compte, dans notre politique intérieure, de l’intervention étrangère. En fait, ces temps sont revenus. La France ne s’appartient plus à elle-même. Car l’étranger s’habitue peu à peu à compter sur la complicité réactionnaire de nos gouvernements, et s’il en surgissait un qui fût vraiment populaire, réformateur et démocrate, ce serait pour l’Europe un scandale intolérable : accoutumée à notre servitude, elle verrait un défi dans le réveil de notre liberté. Et contre un mouvement socialiste s’organiserait sans aucun doute la contre-révolution européenne. Oui, terrible perspective, à laquelle il faut que les travailleurs soient préparés. S’ils parviennent à renverser l’oligarchie capitaliste qui détient le pouvoir et la propriété, s’ils font de la République une vérité, s’ils installent la République sociale au fond des mines et dans les