Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/546

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tique », à déclarer que c’était un « vote national ».Qui donc, parmi les adversaires les plus décidés de M. Hanotaux et de M. Lebon, aurait pensé qu’ils envoyaient sur le Haut Nil une petite troupe d’hommes sans s’être assurés qu’ils ne se heurteraient pas à l’armée anglaise, sans s’être assurés aussi, en ce point précis et délicat, le concours du « grand allié » ? La criminelle étourderie des ministres a dépassé toute prévision ; ils ne peuvent se plaindre que l’esprit de parti les ait gênés ; ils ont eu liberté entière, et ils portent devant le pays l’entière responsabilité.

Mais il servirait peu de récriminer, si nous ne prévenions pas le retour de pareilles fautes. Il faut secouer la politique extérieure de M. Hanotaux comme la politique intérieure de M. Méline. Ceux qui grisent notre pays avec la prétendue alliance russe et qui préparent je ne sais quel accord avec l’autocratie allemande font œuvre criminelle. La haine de l’Anglais, la guerre à l’Anglais sont aujourd’hui des mots d’ordre de réaction : isolée, la France ne peut pas lutter contre la marine anglaise ; il faudra donc à tout prix acheter l’alliance de l’empereur russe et la neutralité bienveillante de l’empereur allemand ; il faudra donc engager la France à fond dans un système autocratique et réactionnaire. Déjà nous avons vu les fruits honteux de cette politique lorsque, pour servir les calculs de la diplomatie russe et complaire à