Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/548

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çais, contre les incroyables violences d’une partie de notre presse. Je sais très bien que la presse anglaise a été détestable de morgue : mais que penser de M. Paul de Cassagnac écrivant dans l’Autorité : « Ce ne sera fini que le jour, trop lointain, hélas ! où la science nous donnera l’immense, l’infini bonheur, la joie folle de passer le Détroit et d’aller rançonner la Cité. » Non seulement il est contraire à la dignité de la France, au moment où elle se retire de Fashoda, d’accompagner sa retraite de ces odieuses et fanfaronnes menaces ; mais qui ne voit que de semblables propos, répétés par la presse anglaise, fournissent à l’agitation des chauvins d’outre-Manche le prétexte dont ils ont besoin ? Et M. de Cassagnac, découvrant le fond même de la politique de la réaction, qui est la politique de M. Hanotaux, ajoute ces paroles :

« J’espère bien ne pas mourir sans l’avoir vu.

» Ce serait la plus grande allégresse de ma vie de patriote ardent.

» Car si l’Allemagne est haïssable, c’est à cause d’un fait précis, limité, qui pourrait s’effacer. Avec la cause, l’effet disparaîtrait. Le bon voisinage, l’accord, l’alliance franche succéderaient à la situation aiguë, créée par l’ Alsace-Lorraine.

» Mais l’Angleterre, c’est autre chose. Sa haine contre nous est inextinguible. Et la nôtre a le devoir de s’élever à la même puissance.