Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/549

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» L’Allemagne, c’est un adversaire. L’Angleterre., c’est l’ennemi, l’ennemi d’hier, de demain, de toujours. »

Or, M. de Gassagnac ne peut ignorer que l’empereur allemand ne nous rendra pas l’Alsace-Lorraine ; il ne peut ignorer non plus que, si ces paroles sauvages contre l’Angleterre trouvaient écho en France, il faudrait à tout prix, et sans condition, se rapprocher de l’Allemagne prussienne et militaire et solliciter Guillaume II ; c’est donc à une alliance avec le militarisme prussien que nous convie la réaction française. Nous ne cesserons de la dénoncer et de la combattre.

Et nous combattrons aussi, d’accord avec le prolétariat socialiste anglais, cette bourgeoisie capitaliste d’Angleterre, qui est exaspérée à la fois par la concurrence économique de la Russie et de l’Allemagne et par les progrès de la classe ouvrière. Elle voudrait déclarer une double guerre, au dehors à ses rivaux d’Europe, au dedans aux Trade Unions. Reconquérir par la force les débouchés qui se resserrent, refouler par la force le prolétariat qui s’organise : voilà le rêve criminel et fou du grand patronat anglais. Il ne faut pas se dissimuler le péril : entre la France et l’Angleterre, la guerre peut éclater à tout moment ; elle est préparée par la réaction cléricale et militaire en France, par le capitalisme en Angleterre. Aussi